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Contrastes, Blaise Cendrars
Poésie de la semaine n° 27
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micky | # Posté le 27/10/2013 à 22 h 39 |
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Bonjour,
Nous vous présentons cette semaine un poète moderniste, si ce n’est avant-gardiste : il s’agit de Blaise Cendrars avec son poème « Contrastes » publié dans le recueil Dix-neuf poèmes élastiques. Blaise Cendrars¶Blaise Cendrars est un poète, romancier, reporter et cinéaste d’origine suisse né en 1887. Très tôt, il part à l’étranger en quête d’aventure : de la Russie, il arrivera à Paris en ayant fait un détour par New York. Cendrars publie son premier poème en 1912, puis La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France l’année suivante. Engagé dans l’armée française pendant la Première Guerre mondiale, il est amputé de la main gauche à la suite d’une blessure : cette mésaventure donnera lieu à son premier texte en prose, La Main coupée (publié dans sa version finale en 1946), qui sera suivi par quelques autres écrits autobiographiques. Après quelques essais, sans beaucoup de succès, dans le cinéma, Cendrars publie son premier roman en 1925 ; il obtient rapidement une reconnaissance mondiale en tant que romancier, puis se lance dans le journalisme dans les années 1930. En 1956, Cendrars est contraint de cesser ses activités d’écriture à la suite d’une congestion cérébrale. Il s’éteindra en 1961 à Paris après une seconde attaque. Contrastes¶Le recueil Dix-neuf poèmes élastiques est paru en 1919, bien que la plupart des poèmes qu’il contient aient été publiés antérieurement dans différentes revues. « Poèmes élastiques », car Cendrars est l’un des premiers poètes à avoir voulu libérer la poésie de sa forme et de sa versification traditionnelles au profit d’un vers plus en phase avec la crise artistique de son époque. Ses écrits évoquent pour la plupart le voyage, physique comme sentimental, l’aventure humaine sous de multiples regards. Cendrars peint littéralement un monde moderne dans lequel l’imaginaire et le réel dialoguent. Contrastes, troisième poème du recueil, n’est pas un titre si évident à saisir : en effet, pour Cendrars, le contraste n’est pas la caractérisation de la différence, mais justement de la ressemblance (« Le contraste n’est pas un noir et un blanc, un contraire, une dissemblance. Le contraste est une ressemblance. »). Les thèmes, les choses du monde, les mots, les formes se ressemblent beaucoup ou peu, s’assemblent en partie, se complètent et se distinguent… Nous vous conseillons la lecture de cet excellent document au sujet de la poésie moderniste du début du vingtième siècle si vous souhaitez assouvir votre curiosité et en apprendre davantage à ce propos : Métamorphoses du regard poétique : Réponses de la poésie descriptive à l’époque moderniste. Citation : Contrastes Les fenêtres de ma poésie sont grand’ouvertes sur les boulevards et dans ses vitrines Brillent Les pierreries de la lumière Écoute les violons des limousines et les xylophones des linotypes Le pocheur se lave dans l’essuie-main du ciel Tout est taches de couleurs Et les chapeaux des femmes qui passent sont des comètes dans l’incendie du soir L’unité Il n’y a plus d’unité Toutes les horloges marquent maintenant 24 heures après avoir été retardées de dix minutes Il n’y a plus de temps. Il n’y a plus d’argent. À la Chambre On gâche les éléments merveilleux de la matière première Chez le bistro Les ouvriers en blouse bleue boivent du vin rouge Tous les samedis poule au gibier On joue On parie De temps en temps un bandit passe en automobile Ou un enfant joue avec l’Arc de Triomphe... Je conseille à M. Cochon de loger ses protégés à la Tour Eiffel. Aujourd’hui Changement de propriétaire Le Saint-Esprit se détaille chez les plus petits boutiquiers Je lis avec ravissement les bandes de calicot De coquelicot Il n’y a que les pierres ponces de la Sorbonne qui ne sont jamais fleuries L’enseigne de la Samaritaine laboure par contre la Seine Et du côté de Saint-Séverin J’entends Les sonnettes acharnées des tramways Il pleut les globes électriques Montrouge Gare de l’Est Métro Nord-Sud bateaux-mouches monde Tout est halo Profondeur Rue de Buci on crie L’Intransigeant et Paris-Sports L’aérodrome du ciel est maintenant, embrasé, un tableau de Cimabue Quand par devant Les hommes sont Longs Noirs Tristes Et fument, cheminées d’usine N’hésitez pas à partager votre impressions après la lecture de ce poème !
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Ziame | # Posté le 12/11/2013 à 11 h 21 |
Arx Tarpeia Capitoli proxima![]() Messages : 11526 ![]() |
Merci pour ce poème, micky. On sent dans ces vers une préfiguration du courant surréaliste qui prendra son essor quelques années plus tard. Le style est particulier et intéressant, beaucoup de sensations se dégagent à la lecture de ce poème.
Je ne connaissais pas la poésie de Blaise Cendrars et te remercie de me l'avoir fait découvrir. Si vous aimez écrire et que vous avez des choses à dire sur l'un des thèmes que couvre notre blog, n'hésitez pas ! ![]() |
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