Vous êtes ici : zCorrecteurs.fr > Les forums > Littérature > Poésie > L’Évadé, Boris Vian > Voir le sujet
L’Évadé, Boris Vian
Poésie de la semaine n° 23
Page : 1 | |
Auteur | Message |
---|---|
Page : 1 | |
Ziame | # Posté le 29/09/2013 à 02 h 42 |
Arx Tarpeia Capitoli proxima![]() Messages : 11526 ![]() |
Bonjour,
Nous vous propons cette semaine la poésie L’Évadé de Boris Vian, issue du recueil Poèmes et chansons publié en 1966. Boris Vian¶Ingénieur, musicien, poète, écrivain, traducteur… tête bien faite que celle de Boris Vian, né en 1920 à Ville-d’Avray et décédé à l’âge de 39 ans en 1959 à Paris. Issu d’une famille sensible aux arts (mère musicienne) et proche d’artistes (il cotoyait le pianiste Yehudi Menuhin dès ses plus jeunes années puis, plus tard, Raymond Queneau, Jean-Paul Sartre…), Boris Vian choisit pourtant de s’orienter vers les sciences et intègre l’École centrale de Paris (encore située, à cette époque, à Paris) après ses classes préparatoires au lycée Condorcet. Alors qu’il fuit la zone occupée en 1940, il continue la pratique du jazz qu’il avait initiée à Centrale, entre autres pour contrer l’ennui de la vie qu’il y menait. À la fin de la guerre, cotoyant des artistes et écrivains, Boris Vian décide de se mettre à écrire et il démissionne de l’AFNOR (Association française de normalisation), où il travaillait jusqu’alors, pour un nouvel emploi (mieux payé et nécessitant moins de temps) à l’Office professionnel des industries et des commerces du papier et du carton. Cela lui laisse le temps d’écrire L’Écume des jours, l’un des romans les plus célèbres qu’il lèguera à la postérité. Pour autant, sa sortie en 1946 ne lui réservera pas le même accueil que la critique lui décerne aujourd’hui et il passera relativement inaperçu. Espérant attirer l’attention de la critique, Boris Vian rédige ensuite J’irai cracher sur vos tombes, roman provocateur qui lui vaudra ennuis et débâcle financière. À la suite, ses divers écrits rencontreront soit l’approbation du public, soit, plus souvent, l’indifférence voire des condamnations (comme pour le poème Le Déserteur, plaidoyer en faveur du pacifisme). C’est ainsi qu’il atteindra l’âge de 39 ans, auquel une crise cardiaque l’emporte alors qu’il visionne une adaptation cinématographique de son roman J’irai cracher sur vos tombes. L’Évadé¶Comme Le Déserteur, L’Évadé est un poème en faveur de la liberté et contre la violence. Il se finit d’ailleurs sur le même ton : la volonté d’un homme non armé de suivre sa volonté (déserter ou, ici, s’enfuir) au prix de sa vie s’il le faut. Ce poème ne tente pas de rejuger l’évadé, de juger la prison ou ce qui l’y a amené. Il s’agit seulement de la course d’un homme vers la liberté, la nature absente de l’enceinte qu’il vient de quitter et qu’il ne veut rejoindre pour rien au monde, pas même sa vie. Citation : L’Évadé Il a dévalé la colline Ses pas faisaient rouler les pierres Là-haut entre les quatre murs La sirène chantait sans joie Il respirait l’odeur des arbres Avec son corps comme une forge La lumière l’accompagnait Et lui faisait danser son ombre Pourvu qu’ils me laissent le temps Il sautait à travers les herbes Il a cueilli deux feuilles jaunes Gorgées de sève et de soleil Les canons d’acier bleu crachaient De courtes flammes de feu sec Pourvu qu’ils me laissent le temps Il est arrivé près de l’eau Il y a plongé son visage Il riait de joie il a bu Pourvu qu’ils me laissent le temps Il s’est relevé pour sauter Pourvu qu’ils me laissent le temps Une abeille de cuivre chaud L’a foudroyé sur l’autre rive Le sang et l’eau se sont mêlés Il avait eu le temps de voir Le temps de boire à ce ruisseau Le temps de porter à sa bouche Deux feuilles gorgées de soleil Le temps d’atteindre l’autre rive Le temps de rire aux assassins Le temps de courir vers la femme Il avait eu le temps de vivre. À la semaine prochaine pour une nouvelle poésie ! Si vous aimez écrire et que vous avez des choses à dire sur l'un des thèmes que couvre notre blog, n'hésitez pas ! ![]() |
Retour au forum Poésie ou à la liste des forums