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Toast funèbre, Stéphane Mallarmé
Poésie de la semaine n° 22
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micky | # Posté le 24/09/2013 à 19 h 01 |
![]() Messages : 2229 ![]() |
Bonjour,
Nous vous proposions il y a quelques semaines L’Après-midi d’un faune de Stéphane Mallarmé. Nous aimerions cette semaine vous faire découvrir son Toast funèbre. Bonne lecture ! Stéphane Mallarmé¶Pour éviter de dupliquer inutilement les mêmes éléments de biographie, nous vous laissons consulter celle explosée sur le sujet dédié à L’Après-midi d’un faune. Toast funèbre¶Le poème est paru en 1887 dans la Revue indépendante. Il marque le début d’une nouvelle voie poétique et philosophique pour Mallarmé, qui avait mis de côté ses projets de poèmes. La rédaction de cet éloge à Théophile Gautier est d’une saveur exquise ; nous vous invitons à lire ce document, qui présente une analyse très détaillée, si vous souhaitez vous plonger plus intensément dans l’œuvre. Citation : Toast funèbre Ô de notre bonheur, toi, le fatal emblème ! Salut de la démence et libation blême, Ne crois pas qu'au magique espoir du corridor J'offre ma coupe vide où souffre un monstre d'or ! Ton apparition ne va pas me suffire : Car je t'ai mis, moi-même, en un lieu de porphyre. Le rite est pour les mains d'éteindre le flambeau Contre le fer épais des portes du tombeau Très simple de chanter l'absence du poëte, Que ce beau monument l'enferme tout entier : Si ce n'est que la gloire ardente du métier, Jusqu'à l'heure commune et vile de la cendre, Par le carreau qu'allume un soir fier d'y descendre, Retourne vers les feux du pur soleil mortel ! Magnifique, total et solitaire, tel Tremble de s'exhaler le faux orgueil des hommes. Cette foule hagarde ! elle annonce : Nous sommes La triste opacité de nos spectres futurs. Mais le blason des deuils épars sur de vains murs, J'ai méprisé l'horreur lucide d'une larme, Quand, sourd même à mon vers sacré qui ne l'alarme, Quelqu'un de ces passants, fier, aveugle et muet, Hôte de son linceul vague, se transmuait En le vierge héros de l'attente posthume. Vaste gouffre apporté dans l'amas de la brume Par l'irascible vent des mots qu'il n'a pas dits, Le néant à cet Homme aboli de jadis : "Souvenir d'horizons, qu'est-ce, ô toi, que la Terre ?" Hurle ce songe; et, voix dont la clarté s'altère, L'espace a pour jouet le cri : "Je ne sais pas !" Le Maître, par un oeil profond, a, sur ses pas, Apaisé de l'éden l'inquiète merveille Dont le frisson final, dans sa voix seule, éveille Pour la Rose et le Lys le mystère d'un nom. Est-il de ce destin rien qui demeure, non ? Ô vous tous! oubliez une croyance sombre. Le splendide génie éternel n'a pas d'ombre. Moi, de votre désir soucieux, je veux voir, A qui s'évanouit, hier, dans le devoir, Idéal que nous font les jardins de cet astre, Survivre pour l'honneur du tranquille désastre Une agitation solennelle par l'air De paroles, pourpre ivre et grand calice clair, Que, pluie et diamant, le regard diaphane Resté là sur ces fleurs dont nulle ne se fane, Isole parmi l'heure et le rayon du jour ! C'est de nos vrais bosquets déjà tout le séjour, Où le poëte pur a pour geste humble et large De l'interdire au rêve, ennemi de sa charge : Afin que le matin de son repos altier, Quand la mort ancienne est comme pour Gautier De n'ouvrir pas les yeux sacrés et de se taire, Surgisse, de l'allée ornement tributaire, Le sépulcre solide où gît tout ce qui nuit, Et l'avare silence et la massive nuit. N’hésitez pas à partager votre impressions après la lecture de ce poème !
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Ziame | # Posté le 26/09/2013 à 19 h 13 |
Arx Tarpeia Capitoli proxima![]() Messages : 11526 ![]() |
Bonsoir,
Merci d'avoir présenté cette superbe poésie de Mallarmé, micky. C'est l'une de mes préférées chez ce poète, très riche de sens même si celui-ci ne se dévoile pas au premier abord. Pour ceux qui souhaiteraient approfondir l'étude de ce poème, je vous renvoie vers quelques explications de texte, l'une plutôt attachée au vocabulaire employé et l'autre, commentaire analytique de la poésie. Si vous aimez écrire et que vous avez des choses à dire sur l'un des thèmes que couvre notre blog, n'hésitez pas ! ![]() |
Bibez | # Posté le 13/07/2015 à 19 h 34 |
Messages : 1 Membres |
En verité le poème est paru d'abord en 1873, dans un recueil en hommage à Théophile Gautier disparu l'année précédente, chez Lemerre.
Le recueil contient 91 poèmes inédits en particulier ce fameux Toast funèbre de Stéphane Mallarmé et, de Victor Hugo: A Théophile Gautier, ainsi que les contributions de ses contemporains les plus célèbres : Coppée, Hérédia, Leconte de Lisle, Ch. Cros, Mistral, Banville, Catulle Mendès, Swinburne, etc. |
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