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D'où proviennent nos gros mots ?
Car même les gros mots sont parfois chargés d'histoire…
Catégorie : Histoire de la langue
Écrit par Ziame, le 28/11/2009 à 17 h 40 | Commenter ce billet (17 commentaires)
C'est un billet un peu original que nous vous proposons aujourd'hui sur le thème… des gros mots ! Car les gros mots sont des mots comme les autres et ils méritent que l'on s'y arrête. Certains sont en effet chargés d'histoire et auront vu leur sens beaucoup évoluer depuis qu'ils existent…
Un synonyme pourrait être « mot vulgaire » (thefreedictionary.com), ou encore « mot grossier » (linternaute.com). Ce qui ne nous avance guère (on le savait déjà). En fait, sont qualifiés ainsi les mots se rapportant à une notion communément admise comme vulgaire et que l'on veut mentionner en conservant cet aspect. C'est le cas par exemple lorsqu'on parle de sa merde, de quelqu'un de chiant (l'image est assez explicite), etc.
De là, on pourra remarquer le rôle d'emphase que revêt souvent le gros mot, lui donnant plus de poids et faisant ressortir l'idée. Par exemple, vous ne relèverez pas de la même manière la phrase « untel m'ennuie » ou, même si le sens est sensiblement le même, « untel me fait chier ». On peut d'ailleurs supposer que c'est cette emphase basée sur des images souvent elles-mêmes vulgaires qui a fait de ces expressions et locutions des « gros mots », que l'on apprend aux enfants à ne pas prononcer.
Enfin, et pour finir cette introduction, on notera aussi que, souvent, les gros mots se rattachent à des notions scatologiques étant, dans l'esprit traditionnel, les images les plus « honteuses » et « rabaissantes ». Ainsi, celui qui « me fait chier » n'est capable de motiver chez moi qu'une envie de déféquer, tel objet que je qualifierais de « merdique » me fait penser (à l'origine, depuis les sens ont évolué mais c'est ce que nous verrons par la suite) à mes déjections…
Étudions maintenant l'origine étymologique ainsi que le sens de certains de ces « gros mots » fréquemment utilisés.
En voilà un « gros mot » courant. Vous l'avez d'ailleurs sans aucun doute déjà employé à de multiples reprises (« Mais quel con ! », « Je suis con. », etc.) pensant en connaître le sens. Et pourtant, si on va voir la définition dans un dictionnaire (exemple : dictionnaire du C.N.R.T.L.) on trouve en première définition, je cite : « Région du corps féminin où aboutissent l'urètre et la vulve » !
Surprenant n'est-ce pas ? Eh bien oui, c'est le sens d'origine du mot « con », désignant le sexe de la femme.
Citation : Exemple d'utilisation — Jules de Goncourt, Journal, 1885
Cela étant, une question qu'il serait légitime de se poser est comment en est-on arrivé à la définition qu'on lui connaît actuellement, à savoir à peu près synonyme de stupide ? La réponse est en fait intimement (c'est le cas de le dire) liée à l'histoire de la femme. Mais pour mieux comprendre, revenons-en à l'étymologie même du mot « con ».
Ce mot provient du latin cunnus, i, m, signifiant (définition du Gaffiot) « sexe de la femme, vagin ». On pourrait d'ailleurs retrouver certains mots de la langue française directement dérivés de ce nom latin et ayant conservé tout leur sens (mais je n'en parlerai pas ici, ça n'est pas le sujet). Cela étant, la femme était, dans l'Antiquité comme par la suite, assez déconsidérée et tout ce qui se rapportait à son sexe encore plus (rappelons par exemple pour mémoire que la légende veut que Lucrèce, après s'être fait violer par Tarquin, fasse preuve du comportement attendu pour une femme dans cette situation et à cette époque, à savoir se suicider). Ainsi, de là à qualifier celui que l'on n'aimait pas de « sale con », « gros con » ou autres dérivés, il n'y avait qu'un pas (d'une manière générale, l'homme a toujours eu tendance à s'appuyer sur ce qu'il trouvait le plus honteux pour qualifier ceux qu'il aimait le moins). Ainsi, le sens est passé, tout naturellement, de celui du sexe féminin à celui que l'on connaît de nos jours.
J'aimerais cependant citer, pour finir avec ce mot, Jules Michelet abordant cette transition entre les deux sens du mot « con » dans son Journal.
Citation : Jules Michelet, Journal, 1857
Étant donné que nous venons de voir le mot « con » et que « connard » est un dérivé (synonyme du précédent), je ne m'y attarderai pas. Je souhaitais seulement mentionner une petite particularité orthographique concernant ce mot. En effet, « connard » peut s'écrire soit « connard » soit « conard » (d'usage moins fréquent de nos jours cela dit). Vous noterez au passage que le féminin est « connasse » et que lui s'écrit toujours avec deux n.
Attention ! Si le masculin peut s'écrire « salop », vous pourrez aussi rencontrer (sans doute même d'usage plus fréquent) « salaud » avec un -d. Le féminin quant à lui ne pose aucun problème puisqu'il s'agit sans alternative possible de « salope ».
Le nom commun « salaud » (j'emploierai cette orthographe car c'est la plus courante et la mieux reconnue) signifie, d'après la définition du C.N.R.T.L. « Personne méprisable, dénuée de toute moralité ; personne capable d'actes contraires à tous les principes moraux ». Et c'est en effet le sens qu'on lui connaît le plus souvent aujourd'hui.
Cependant, là encore, ce mot tire en partie son origine de… la femme ! Eh oui, quand on vous dit que leur statut n'a pas toujours été facile à vivre… En fait, ce mot a changé plusieurs fois de sens. Aux XVIe et XVIIe siècles, « salaud(e) » (ça s'écrivait comme ça à l'époque) désignait un homme ou une femme très sale.
Citation : Exemple d'utilisation — Guillaume Bouchet, Les Sérées
Ensuite, par dérivation, pour désigner la femme, ce terme a progressivement revêtu un sens de salissure morale et plus particulièrement assimilé à l'acte de vendre son corps. Autrement dit, une « salaude » était une prostituée. De là, comme pour le mot « con » que nous venons de voir, l'image était assez basse dans l'imaginaire de l'époque (imaginez la position de la prostituée au Moyen Âge si vous voulez vous faire une idée) pour servir d'insulte. Ainsi, toujours comme pour le mot « con » et à force de servir d'insulte, celui-ci a perdu progressivement son sens synonyme de prostituée pour ne conserver que la connotation (un peu éloignée) de salissure morale qu'il contenait. En effet, de nos jours on qualifie souvent quelqu'un de « salaud » (ou de « salope » au féminin) quand celui-ci nous a fait un coup bas, paraît avoir une mentalité viciée voire foncièrement perverse (exemple : « Mais quel salaud celui-là ! »).
Citation : Exemples d'utilisation
Cependant, n'oubliez pas si jamais vous souhaitez qualifier une fille de « salope » un jour, que ce terme n'est pas anodin et possède réellement un sens défini. En plus d'être vulgaire, cela en fait donc un terme pouvant être particulièrement blessant. D'autant plus qu'il a, dans certains de ses emplois, gardé une certaine connotation sexuelle (exemple : « Eh bien mon salaud ! »).
Dérivés (définitions du C.N.R.T.L.) :

Eh oui ! S'il est désormais d'usage assez fréquent d'employer le terme « putain » quand quelque chose ne se passe pas comme prévu ou que survient l'inattendu (on pourrait aussi employer les termes « mince », « saperlipopette », etc. de façon à peu près équivalente), ce n'est pas le sens premier du terme qui désigne la prostituée !
Et vu que j'aime bien les définitions du C.N.R.T.L., je vais vous donner la leur pour ce terme : « Prostituée qui exerce son métier dans la rue ou en maison de tolérance » (vous noterez au passage le synonyme utilisé pour parler des maisons closes, d'un niveau de langue bien plus soutenu que le nom commun « bordel »). Cela dit, le nom « putain » reste vulgaire et a une connotation profondément péjorative, surtout de nos jours.
Citation : Exemples d'utilisation
On pourra aussi noter que ce mot sert parfois à nommer la femme adultère. En effet, dans l'imaginaire populaire, la femme adultère a souvent été considérée comme débauchée (ce qui n'était pas le cas des hommes), d'où l'amalgame fait avec la femme de petite vertu vendant son corps…
Par contraction, « putain » a donné le mot « pute », plus courant de nos jours pour qualifier une prostituée, quoique toujours aussi grossier et méprisant. Personnellement, je vous déconseille de l'utiliser, la vulgarité ne faisant jamais bon effet. On pourrait d'ailleurs citer à ce propos Oscar Wilde qui écrivait « Aucun crime n'est vulgaire, mais la vulgarité est un crime ».
Dérivés (définitions du C.N.R.T.L.) :
Enfin pour clore ce billet, je vous propose de nous pencher sur un dernier mot, à savoir « enfoirer », verbe transitif d'où provient l'insulte « enfoiré ». Si j'ai choisi ce verbe (après moult hésitations), c'est que l'origine peut ne pas paraître évidente au premier abord. En effet, le verbe « enfoirer », synonyme de « emmerder » ou de manière plus correcte quoique sans doute avec une signification moins marquée « embêter », provient du vieux français « foire » qui désignait alors la diarrhée. De là, le premier sens (au sens étymologique) du mot apparaît clairement : « enfoirer » était l'équivalent vers la fin du XVIe siècle du verbe « souiller » actuel (cette image est restée assez nette avec le verbe « emmerder »).
Ensuite, l'image s'est progressivement perdue pour ne garder que le sens d'embêtement profond et de salissure morale générale. D'ailleurs, ce verbe n'est plus guère utilisé que sous une forme nominale, « un enfoiré ». Dans ce dernier cas, le sens est légèrement différent et l'enfoiré ne revêt plus à proprement parler de caractère d'embêtement mais exclusivement celui de la vicissitude morale. Ainsi, à l'instar du salaud que nous avons vu précédemment, l'enfoiré sera souvent quelqu'un de méchant, nous ayant porté un coup bas et sans moralité. Encore un exemple pour lequel la salissure physique décrite initialement par le mot est remplacée par la salissure morale de l'être qu'il finit par qualifier.
Déjà ? Enfin ? Quelles que soient vos réactions, il est vrai que ce billet tranche de façon assez marquée avec ce que nous avons l'habitude de publier sur ce site. C'est d'ailleurs probablement le billet que nous avons publié et publierons dans lequel vous pourrez compter le plus de gros mots (normal, c'est le sujet). Cela étant, le sujet nous a paru intéressant car portant sur des points de notre langue souvent considérés comme plus ou moins tabous, surtout sur des sites comme celui-ci.
Enfin, pour terminer, je souhaiterais dire que si ces mots existent, sont employés (de plus en plus) fréquemment et avec de moins en moins de contraintes (le premier mot a par exemple été employé par un homme politique français il n'y a pas si longtemps pour s'adresser à quelqu'un), il n'en reste pas moins qu'ils sont vulgaires. Et le sentiment qu'engendre la vulgarité ne peut être que le mépris et non le respect. Par conséquent, nous ne pouvons que vous enjoindre à limiter leur usage et à leur préférer des équivalents plus corrects. L'effet sera bien meilleur car en ne choisissant pas la solution de facilité, vous montrerez du même coup votre maîtrise de la langue et le respect que vous portez à votre entourage, quel qu'il soit. N'oublions pas cette pensée chinoise qui dit que « L'homme supérieur est amical sans être familier, l'homme vulgaire est familier sans être amical. »
Tout d'abord qu'est-ce qu'un « gros mot » ?¶
Un synonyme pourrait être « mot vulgaire » (thefreedictionary.com), ou encore « mot grossier » (linternaute.com). Ce qui ne nous avance guère (on le savait déjà). En fait, sont qualifiés ainsi les mots se rapportant à une notion communément admise comme vulgaire et que l'on veut mentionner en conservant cet aspect. C'est le cas par exemple lorsqu'on parle de sa merde, de quelqu'un de chiant (l'image est assez explicite), etc.
De là, on pourra remarquer le rôle d'emphase que revêt souvent le gros mot, lui donnant plus de poids et faisant ressortir l'idée. Par exemple, vous ne relèverez pas de la même manière la phrase « untel m'ennuie » ou, même si le sens est sensiblement le même, « untel me fait chier ». On peut d'ailleurs supposer que c'est cette emphase basée sur des images souvent elles-mêmes vulgaires qui a fait de ces expressions et locutions des « gros mots », que l'on apprend aux enfants à ne pas prononcer.

Enfin, et pour finir cette introduction, on notera aussi que, souvent, les gros mots se rattachent à des notions scatologiques étant, dans l'esprit traditionnel, les images les plus « honteuses » et « rabaissantes ». Ainsi, celui qui « me fait chier » n'est capable de motiver chez moi qu'une envie de déféquer, tel objet que je qualifierais de « merdique » me fait penser (à l'origine, depuis les sens ont évolué mais c'est ce que nous verrons par la suite) à mes déjections…
Étudions maintenant l'origine étymologique ainsi que le sens de certains de ces « gros mots » fréquemment utilisés.
Quelques informations sur des gros mots d'usage courant¶
Con (nom masculin)¶
En voilà un « gros mot » courant. Vous l'avez d'ailleurs sans aucun doute déjà employé à de multiples reprises (« Mais quel con ! », « Je suis con. », etc.) pensant en connaître le sens. Et pourtant, si on va voir la définition dans un dictionnaire (exemple : dictionnaire du C.N.R.T.L.) on trouve en première définition, je cite : « Région du corps féminin où aboutissent l'urètre et la vulve » !

Surprenant n'est-ce pas ? Eh bien oui, c'est le sens d'origine du mot « con », désignant le sexe de la femme.
Citation : Exemple d'utilisation — Jules de Goncourt, Journal, 1885
Ces mégères révolutionnaires, qui pissent à con béant sur les cadavres des gens qu'elles ont égorgés.
Cela étant, une question qu'il serait légitime de se poser est comment en est-on arrivé à la définition qu'on lui connaît actuellement, à savoir à peu près synonyme de stupide ? La réponse est en fait intimement (c'est le cas de le dire) liée à l'histoire de la femme. Mais pour mieux comprendre, revenons-en à l'étymologie même du mot « con ».
Ce mot provient du latin cunnus, i, m, signifiant (définition du Gaffiot) « sexe de la femme, vagin ». On pourrait d'ailleurs retrouver certains mots de la langue française directement dérivés de ce nom latin et ayant conservé tout leur sens (mais je n'en parlerai pas ici, ça n'est pas le sujet). Cela étant, la femme était, dans l'Antiquité comme par la suite, assez déconsidérée et tout ce qui se rapportait à son sexe encore plus (rappelons par exemple pour mémoire que la légende veut que Lucrèce, après s'être fait violer par Tarquin, fasse preuve du comportement attendu pour une femme dans cette situation et à cette époque, à savoir se suicider). Ainsi, de là à qualifier celui que l'on n'aimait pas de « sale con », « gros con » ou autres dérivés, il n'y avait qu'un pas (d'une manière générale, l'homme a toujours eu tendance à s'appuyer sur ce qu'il trouvait le plus honteux pour qualifier ceux qu'il aimait le moins). Ainsi, le sens est passé, tout naturellement, de celui du sexe féminin à celui que l'on connaît de nos jours.
J'aimerais cependant citer, pour finir avec ce mot, Jules Michelet abordant cette transition entre les deux sens du mot « con » dans son Journal.
Citation : Jules Michelet, Journal, 1857
C'est une impiété inepte d'avoir fait du mot con un terme bas, une injure. Le mépris de la faiblesse ? Mais nous sommes si heureux qu'elles soient faibles. C'est non seulement le propagateur de la nature, mais le conciliateur, le vrai fond de la vie sociale pour l'homme.
Connard (nom masculin)¶
Étant donné que nous venons de voir le mot « con » et que « connard » est un dérivé (synonyme du précédent), je ne m'y attarderai pas. Je souhaitais seulement mentionner une petite particularité orthographique concernant ce mot. En effet, « connard » peut s'écrire soit « connard » soit « conard » (d'usage moins fréquent de nos jours cela dit). Vous noterez au passage que le féminin est « connasse » et que lui s'écrit toujours avec deux n.
Salaud¶
Attention ! Si le masculin peut s'écrire « salop », vous pourrez aussi rencontrer (sans doute même d'usage plus fréquent) « salaud » avec un -d. Le féminin quant à lui ne pose aucun problème puisqu'il s'agit sans alternative possible de « salope ».
Le nom commun « salaud » (j'emploierai cette orthographe car c'est la plus courante et la mieux reconnue) signifie, d'après la définition du C.N.R.T.L. « Personne méprisable, dénuée de toute moralité ; personne capable d'actes contraires à tous les principes moraux ». Et c'est en effet le sens qu'on lui connaît le plus souvent aujourd'hui.
Cependant, là encore, ce mot tire en partie son origine de… la femme ! Eh oui, quand on vous dit que leur statut n'a pas toujours été facile à vivre… En fait, ce mot a changé plusieurs fois de sens. Aux XVIe et XVIIe siècles, « salaud(e) » (ça s'écrivait comme ça à l'époque) désignait un homme ou une femme très sale.
Citation : Exemple d'utilisation — Guillaume Bouchet, Les Sérées
Toutes les femmes estant faschées de quoi leurs maris avoient oui parler d'une si salaude femme.
Ensuite, par dérivation, pour désigner la femme, ce terme a progressivement revêtu un sens de salissure morale et plus particulièrement assimilé à l'acte de vendre son corps. Autrement dit, une « salaude » était une prostituée. De là, comme pour le mot « con » que nous venons de voir, l'image était assez basse dans l'imaginaire de l'époque (imaginez la position de la prostituée au Moyen Âge si vous voulez vous faire une idée) pour servir d'insulte. Ainsi, toujours comme pour le mot « con » et à force de servir d'insulte, celui-ci a perdu progressivement son sens synonyme de prostituée pour ne conserver que la connotation (un peu éloignée) de salissure morale qu'il contenait. En effet, de nos jours on qualifie souvent quelqu'un de « salaud » (ou de « salope » au féminin) quand celui-ci nous a fait un coup bas, paraît avoir une mentalité viciée voire foncièrement perverse (exemple : « Mais quel salaud celui-là ! »).
Citation : Exemples d'utilisation
« Y a aussi ce salaud d'obus nouveau qui pète après avoir ricoché dans la terre. » (Henri Barbusse, Feu, 1916)
« Ah ! bougre de salaud, tu as peur de te compromettre ! hurlait Étienne. C'est toi, dans la forêt, qui demandais la grève des machineurs, pour arrêter les pompes, et tu cherches maintenant à nous chier du poivre !… » (Émile Zola, Germinal, 1885)
« Ah ! bougre de salaud, tu as peur de te compromettre ! hurlait Étienne. C'est toi, dans la forêt, qui demandais la grève des machineurs, pour arrêter les pompes, et tu cherches maintenant à nous chier du poivre !… » (Émile Zola, Germinal, 1885)
Cependant, n'oubliez pas si jamais vous souhaitez qualifier une fille de « salope » un jour, que ce terme n'est pas anodin et possède réellement un sens défini. En plus d'être vulgaire, cela en fait donc un terme pouvant être particulièrement blessant. D'autant plus qu'il a, dans certains de ses emplois, gardé une certaine connotation sexuelle (exemple : « Eh bien mon salaud ! »).
Dérivés (définitions du C.N.R.T.L.) :
- « salaudement » (adverbe) qui signifie « de manière répugnante, méprisable » ;
- « salauderie » (substantif féminin) qui signifie « conduite, propos ou actes moralement méprisable(s), obscène(s) ».
Putain (nom féminin)¶

« Et laisse ta putain tranquille ! »
Réplique de Gérard Jugnot dans le film
Les Choristes de Christophe Barratier
Réplique de Gérard Jugnot dans le film
Les Choristes de Christophe Barratier
Et vu que j'aime bien les définitions du C.N.R.T.L., je vais vous donner la leur pour ce terme : « Prostituée qui exerce son métier dans la rue ou en maison de tolérance » (vous noterez au passage le synonyme utilisé pour parler des maisons closes, d'un niveau de langue bien plus soutenu que le nom commun « bordel »). Cela dit, le nom « putain » reste vulgaire et a une connotation profondément péjorative, surtout de nos jours.
Citation : Exemples d'utilisation
« Et laisse ta putain tranquille ! » (Gérard Jugnot dans le film Les Choristes de Christophe Barratier)
« Quand on me [un médecin] reconduisait à la porte (…) je me lançais dans des tas de commentaires rien que pour éluder l'instant du paiement quelques minutes de plus. Je ne savais pas faire ma putain. » (Louis-Ferdinand Céline, Voyage, 1932)
« Oh ! Le peuple n'est plus une putain. » (Arthur Rimbaud, Poésies, 1871)
« Quand on me [un médecin] reconduisait à la porte (…) je me lançais dans des tas de commentaires rien que pour éluder l'instant du paiement quelques minutes de plus. Je ne savais pas faire ma putain. » (Louis-Ferdinand Céline, Voyage, 1932)
« Oh ! Le peuple n'est plus une putain. » (Arthur Rimbaud, Poésies, 1871)
On pourra aussi noter que ce mot sert parfois à nommer la femme adultère. En effet, dans l'imaginaire populaire, la femme adultère a souvent été considérée comme débauchée (ce qui n'était pas le cas des hommes), d'où l'amalgame fait avec la femme de petite vertu vendant son corps…
Par contraction, « putain » a donné le mot « pute », plus courant de nos jours pour qualifier une prostituée, quoique toujours aussi grossier et méprisant. Personnellement, je vous déconseille de l'utiliser, la vulgarité ne faisant jamais bon effet. On pourrait d'ailleurs citer à ce propos Oscar Wilde qui écrivait « Aucun crime n'est vulgaire, mais la vulgarité est un crime ».
Dérivés (définitions du C.N.R.T.L.) :
- « putanat » (substantif masculin) synonyme de prostitution ;
- « putinage » (substantif masculin) qui décrit l'action de se prostituer ;
- « putanier, ière » (adjectif) qui signifie « qui concerne la prostitution » ;
- « putinerie » (substantif féminin) qui signifie « état, vie de putain ; caractère de putain » ;
- « putanisme » (substantif masculin) synonyme de prostitution et de débauche.
Enfoirer (verbe transitif)¶
Enfin pour clore ce billet, je vous propose de nous pencher sur un dernier mot, à savoir « enfoirer », verbe transitif d'où provient l'insulte « enfoiré ». Si j'ai choisi ce verbe (après moult hésitations), c'est que l'origine peut ne pas paraître évidente au premier abord. En effet, le verbe « enfoirer », synonyme de « emmerder » ou de manière plus correcte quoique sans doute avec une signification moins marquée « embêter », provient du vieux français « foire » qui désignait alors la diarrhée. De là, le premier sens (au sens étymologique) du mot apparaît clairement : « enfoirer » était l'équivalent vers la fin du XVIe siècle du verbe « souiller » actuel (cette image est restée assez nette avec le verbe « emmerder »).
Ensuite, l'image s'est progressivement perdue pour ne garder que le sens d'embêtement profond et de salissure morale générale. D'ailleurs, ce verbe n'est plus guère utilisé que sous une forme nominale, « un enfoiré ». Dans ce dernier cas, le sens est légèrement différent et l'enfoiré ne revêt plus à proprement parler de caractère d'embêtement mais exclusivement celui de la vicissitude morale. Ainsi, à l'instar du salaud que nous avons vu précédemment, l'enfoiré sera souvent quelqu'un de méchant, nous ayant porté un coup bas et sans moralité. Encore un exemple pour lequel la salissure physique décrite initialement par le mot est remplacée par la salissure morale de l'être qu'il finit par qualifier.
Conclusion¶
Déjà ? Enfin ? Quelles que soient vos réactions, il est vrai que ce billet tranche de façon assez marquée avec ce que nous avons l'habitude de publier sur ce site. C'est d'ailleurs probablement le billet que nous avons publié et publierons dans lequel vous pourrez compter le plus de gros mots (normal, c'est le sujet). Cela étant, le sujet nous a paru intéressant car portant sur des points de notre langue souvent considérés comme plus ou moins tabous, surtout sur des sites comme celui-ci.
Enfin, pour terminer, je souhaiterais dire que si ces mots existent, sont employés (de plus en plus) fréquemment et avec de moins en moins de contraintes (le premier mot a par exemple été employé par un homme politique français il n'y a pas si longtemps pour s'adresser à quelqu'un), il n'en reste pas moins qu'ils sont vulgaires. Et le sentiment qu'engendre la vulgarité ne peut être que le mépris et non le respect. Par conséquent, nous ne pouvons que vous enjoindre à limiter leur usage et à leur préférer des équivalents plus corrects. L'effet sera bien meilleur car en ne choisissant pas la solution de facilité, vous montrerez du même coup votre maîtrise de la langue et le respect que vous portez à votre entourage, quel qu'il soit. N'oublions pas cette pensée chinoise qui dit que « L'homme supérieur est amical sans être familier, l'homme vulgaire est familier sans être amical. »

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